Une illusion barbare

Perfore mon esprit

Sentiment solitaire

D’un matin sans couleur

Un réveil épuisé

La démarche hésitante

Abandonne son ombre

A un soleil éteint

Le cauchemar en bouche

Laisse sa langue épaisse

Lancinante migraine

Qui rythme mon mal-être

Et derrière cette vitre

Hier encor’ printanière

Le vent offre ses feuilles

A la pluie incessante

Tiède l’été s’étire

Tel un chat au soleil

Tandis que dans le ciel

S’évadent les nuages

Les perles océanes

Répondent aux étoiles

Qui content leur passé

Dans des nuits parfumées

Mais parfois les orages

Aux terribles colères

Semoncent l’indolence

De ces oisives heures

Alors sur les montagnes

Coulent de grosses larmes

Qu’un très bel arc en ciel

Tente de consoler…

J’essuie avec mes mains toute suie de mon âme

Poussière du passé occultant l’avenir

Ces incessants remords crépusculent mes jours

Quand leurs relents saumâtres m’étourdissent encore

Mon regard presque vide, s’effrayant de mon teint

J’assiste l’impuissance de mes dernières forces

A l’heure où dans le soir, fument les maigres feux

Qui lèchent un ciel sombre s’éteignant en silence

C’est ma nuit habitée de silences bruyants

Son plafond, quelques draps, angoisses et tourments

Seuls mes pauvres regrets s’abreuvent d’inconscient

Mes volets sont ouverts sur un vide insolent

Je ne saurai jamais où vont tous ces nuages

Ils laisseront leurs pluies sur des prairies stériles

Personne n’a osé ouvrir mon cauchemar

Pour simplement me dire : « Ton cœur ne saigne plus »…

Ne plus écouter les bruits du monde

S’asseoir bien simplement

Tout au bout de la terre

Et puis là méditer

Lors imaginer la houle portée

Lécher si tendrement

Le pied de la falaise

Par elle ciselée

Contempler le talent fou d’Eole

Peindre la toile bleue

Ô toi voûte céleste

Qui me fascine tant

Accompagner la mer étoilée

Caresser l’horizon

Le ballet incessant

De ses vagues puissantes

Laisser maintenant la symphonie

Se glisser dans nos âmes

Musique intemporelle

De purs échos marins…

J’ai laissé résonner

Cette cloche étonnée

Sur la voûte de pierres

Aux croisées assombries

Son onde si étrange

A parcouru très vite

Océans et montagnes

Vers un monde inconnu

L’angoisse comme une ombre

Donnait vie aux piliers

Vibrant depuis des siècles

Aux pieuses litanies

Sous les dalles gravées

J’imaginais anxieux

Quelques spectres éveillés

Chevaliers d’un autre âge

Inquiétante hypogée

Où d’insouciants touristes

Foulaient dans l’irrespect

De bien profonds mystères

Eclats profanateurs

D’espérances mystiques

Témoins de temps illustres

Chargés de prophéties