Délivré des esquisses

Les couleurs libérées

Ont inondé la toile

Artifice des teintes

Ici point de fusion

Pétales accolés

De fleurs multicolores

Figés à tout jamais

Juste pour quelques jours

Un parfum d’atelier

Qui le vernis séché

Pourra lors s’évanouir

Un tableau désormais

Porte d’imaginaire

Chef-d’œuvre pour les uns

Barbouillage pour d’autres…

Quand l’amour vient à vaciller

Au bout de la mèche noircie

Qu’un courant d’air l’a fait ciller

Souhaitant voir son feu occis

Comme une chandelle oubliée

Petit halo sur un miroir

Culpabilité ressassée

Venue masquer soudain l’espoir

Les mouvements fantomatiques

Des ombres bouffies de remords

Ô silhouettes chimériques

Venues du royaume des morts

Comme un brouillard dissimulant

Ses feux follets, leur impatience

L’écran d’un coup nous dévoilant

Les labyrinthes d’existence

Un soleil évité

Entre mer et azur

L’émeraude brouillée

Et l’infini bleuté

Une brise si tiède

Pour chatouiller les vagues

Et juste un peu d’écume

Pour assoiffer les anges

De grands vallons moussus

Parés de verts manteaux

Délaissent leurs rochers

Dans l’onde encore fraîche

Enfin tels confettis

Façades et pignons

S’égayent sur la lande

Vêtue de pièces d’or…

De ces brumes habituelles

Qui tapissent mon âme

De soleils bien rétifs

Je découvre déjà

Le voile des nuages

Qu’une prochaine ondée

Transformera en larmes

Inondant mon courage

Pavé injustement

De bien méchantes pierres

Qui s’amusent des ombres

Des épineux arbustes

Le tortueux sentier

Qui mène aux destinées

Se révèle cruel

A mes pas hésitants

Désormais j’ai compris

Que mes anniversaires

Refroidissent mon cœur

Et torturent mon corps

Sur ce mauvais chemin

Qui me verra bientôt

Chanceler un peu plus

Signe de mon trépas

J’apercevrai peut-être

Enfin ma bonne étoile 

Sur la terre étendu

Mes yeux clairs étonnés

Perceront le brouillard

Qui m’a toujours masqué

Cet ailleurs recherché

Mais jamais rencontré

Comme si souffle froid

Tristement haletant

Emplissait ma caboche

La suçant à jamais…

L’oppressante impression

D’une fin de veillée

Son chemin bien boueux

Menant à l’océan…

Puis la plage frigide

Enlunée mais si pâle

Semblant lors m’inviter

A mon ultime bain…

L’horizon et la nuit

Ce soir se sont alliés

Imaginer l’espoir

Ne serait qu’utopie…

Le grand large est obscur

Son lancinant ressac

Est décompte du temps

Qu’il me reste en ce lieu…

Quand les vents psalmodient

En leur voûte irréelle

Leur cantique nocturne

Est sans quête votive…

Puis de sel et de givre

Les herbes abreuvées

Se sont couchées pudiques

J’entre dans l’illusion…