La plainte d’un violon

L’archet en horizon

Ô mélodie marine

D’un crépuscule offert

Des vagues qui se donnent

Aux langueurs d’une plage

Sur le sable fuyant

Des souvenirs qui passent

Juste l’ombre d’un vol

Un cormoran sans doute

Ponctuation interdite

De sombres confidences

Quelques touches de pluie

Pour délaver l’affront

D’un ciel qui se dévoie

Aux débauches nocturnes…

Une brise ajourée

En souffle de dentelles

Sur un pâle abat-jour

Fait d’écume et d’embruns

Immobile et rigide

Telle règle immuable

Le trait de l’horizon

S’improvise chevet

L’on me dit que la nuit

S’est encore invitée

Et viendra se coucher

Sur la plage défaite

Quand poindra le matin

Et son haleine moite

Elle disparaîtra

Sous son manteau d’étoiles…

 Il neigeait ce matin

Quelques bulles d’écume

Le souffle des embruns

Sur le givre étonné

Les Saisies engourdies

S’abreuvaient face au sud

Dans le chahut glacial

Des houles avortées

Le village tremblait

Et se pelotonnait

Tout contre la chapelle

Un jour encore aphone

Le ciel était distrait

Février lui montrait

Ses brumes en écharpe

Ô Groix ! Ne prends pas froid…

Jeux de mots envolés

Au fronton des nuages

Tout juste  là posés

Souriants et bien sages

Voilà donc le poème

Il reflète le ciel

Avec sur son diadème

Des nuances de miel

S’y mire l’océan

Qui sourit au soleil

Poussant quelques géants

Aux grand-voiles vermeilles

Et la brise en haleine

Aimante et parfumée

Invite ces phalènes

Au ponant embrumé…

Comme le ciel est beau

En ce soir ordinaire

Si délicate moire

Aux fragrances de sel

Comme le ciel est rose

Pareil à des pétales

Une fleur à l’envers

Trempée dans l’eau de mer

Mais quel est ce feuillage

Qui se hisse à ses joues 

Veut-il donc l’étouffer ?

Mais qui sont ces grands arbres

Qui s'agacent à son cou

Veulent-ils la griffer ?

Ou bien tout simplement

L’embrasser pour la nuit…

Et puis plus doucement

Tendrement la bercer

Je crois qu’elle s'endort

Sur les ailes d'un rêve...

Chuuuttt...