Vives pluies accrochées

Aux rayons du soleil

Qui ouvrent l’éventail

D’un sublime arc en ciel

L’océan s’y caresse

Entends-tu son émoi ?

Accalmie provisoire

A l’orée des tourments

Qui oppriment les flots

De coiffes déchirées

La brise s’y égare

Entends-tu son long râle ?

Capricieuses risées

En rideau d’horizon

Qui martèlent la houle

D’une mer qui se forme

Le suroît s’y renforce

Entends-tu sa colère ?

Puis l’ultime navire

A l’allure pressée

Qui regagne le port

D’une terre accueillante

L’angoisse s’y invite

Entends-tu sa prière ?

Oui jeter en pâtures

A l’océan hargneux

Ce vent bien trop acide

Qui écume les dunes

Les embruns se font givre

Sidérant les pourpiers

Qui frémissent encore

Dans de raides sursauts

Le sable s’ébouriffe

En vagues saccadées

Pour embrasser la mer

Qui déjà s’impatiente

C’est entre jour et nuit

Que les mouettes s’enfuient

Pour juste ne laisser

Qu’une austère marine…

Ces troublantes stridences

Qui m’oppressent et me blessent

Marinent ma conscience

Dans l’onde des tristesses

Et les feux de mon âme

Lors se couchent lascifs

Divaguent puis se pâment

A l’ombre des récifs

Houles de mes pensées

En ultime ressac

Vous me narrez froissés

Vos accents élégiaques

Les lueurs funéraires

D’un simple préavis

Ne pourront me distraire

Au soir de cette vie…

Les effluves sucrés

Du jardin disparu

S’éparpillent égarées

Dans l’ombre de la rue

Les clameurs retenues

D’une ville assoupie

Le vacarme ténu

Des sirènes tapies

Je suis juste étourdi

Quand je ferme les yeux

Il est toujours midi

Ô moment merveilleux

Je me souviens encore

De ces étés perdus

Quand le soir je m’endors

Nostalgie éperdue…

Sur les chemins de lune

J’ai porté sur mon dos

Tant de mes infortunes

Tel un desperado

A genoux dans le sable

J’ai jeté à la mer

Ce passé trop friable

Qui me rend si amer

Mes années dispersées

Se sont vêtues du vent

Puis se sont éclipsées

Du monde des vivants

M’est restée que la nuit

Ses obscures tentures

Le poids de mon ennui

L’horizon en rature…